En quête de l’ultime silence, celui de l’humanité face à la nature, Henry Thoreau nous emmène au Cap Cod, à l’extrémité des États-Unis, où règnent le vent et la solitude.
« C’est un lieu sauvage, fétide – sans flatteries. Jonché de crabes, de coquillages, de tout ce que la mer rejette : une vague morgue, que les chiens affamés peuvent parcourir en meutes et où les corbeaux viennent quotidiennement glaner la pitance que la marée leur a laissée. Carcasses d’hommes et carcasses d’animaux y gisent majestueusement ensemble, pourrissant et blanchissant dans le soleil et les vagues : chaque marée les retourne dans leur lit et borde sous eux une couverture de sable frais. C’est la Nature, dans toute sa nudité, dans son inhumaine sincérité, sans temps à perdre pour penser à l’homme, tout occupée à grignoter, au pied des falaises, le rivage où les mouettes tournoient parmi l’écume. »

L’impression de se retrouver dans le roman de Cormac MacCarthy, La Route, est grande. Thoreau évoque ses rencontres avec la nature sauvage et la fatalité des hommes qui la côtoient. Ainsi découvre-t-on l’humilité et la dignité des êtres qui vivent dans ce lieu à la beauté violente et désertique : le gardien du phare de Haute-Terre et l’huîtrier de Wellfleet.
« Par tempête, à l’automne ou en hiver, voilà quand il faut y venir. Un phare, ou une cabane de pêcheurs, voilà où il faut y passer la nuit. Debout ici, on met l’Amérique entière derrière soi. »