Guyla Krudy, auteur hongrois du début du XXème siècle, dont on peut retrouver le portrait dans Dernier jour à Budapest de Sandor Marai à travers le personnage de Sindbad, était un écrivain et un journaliste prolifique (90 romans, 2500 nouvelles et des milliers d’articles de journaux) qui aimait décrire son époque, les mœurs de celle-ci, ses personnalités fantasques telles le Sindbad du Château français, premier roman du cycle d’aventure de ce personnage qui tient une place majeure dans l’œuvre du romancier.

Une intrigue très simple aux multiples rebondissements
L’intrigue semble n’avoir que peu d’importance pour l’auteur. Sindbad, le personnage principal, aide une jeune femme, Georgina, qui pense que son ex-mari veut enlever son fils. Il en tombe amoureux. La jeune femme quitte la petite ville de province pour s’installer à Budapest et devenir comédienne, confiant son fils à la première femme de son ex-mari, Mariett. Sindbad la rejoint à Budapest où ils filent le parfait amour, mais c’est sans compter sur le retour de l’ex-mari, Palhazi, qui provoque Sindbad en duel, ainsi que sur celui de Mariett qui cherche à arrêter ce duel et avoue à Sindbad qu’elle est amoureuse de lui.
Cette histoire est assez simple et banale, mais il y a beaucoup de petits rebondissements dont le personnage principal lui-même s’amuse ou sur lesquels il porte un regard désabusé.
« En quelques mots, Sindbad décrivit le séjour dans la petite ville de province, Georgina, les planches… Granitz souriait d’aussi bonne humeur que s’il entendait l’histoire la plus désopilante au monde. »
Il y a surtout des personnages tour à tour flamboyants ou pittoresques tels que les acteurs du théâtre où se déroulent certaines scènes, le directeur dudit théâtre, une cocotte comédienne et maîtresse de Palhazi, le médecin qui vient soigner l’enfant de Georgina, la mère de celle-ci. Chaque personnage rend chacune des scènes dans laquelle il intervient cocasse, drolatique ou cynique.

Roman comique ou comédie romanesque
Krudy prend le parti de s’amuser de tout. Chaque petit rebondissement, chaque situation qui pourrait être perçus comme tragiques, sont transformés en scènes comiques. Gyula Krudy oscille entre des descriptions à la Maupassant et les comédies shakespiriennes.
Rien n’est exagéré, tout est bien calibré, chaque personnage, chaque scène sont ciselés à l’or fin de l’écriture, et c’est, je crois, tout le charme du style de Krudy et de la littérature hongroise en général : ne dramatisons pas ce qui pourrait l’être déjà, prenons la vie à la légère, cette insouciance presque enfantine qui pose un regard émerveillé mais savant et lucide sur le monde et la vie.
Il y a donc une grande fraîcheur à lire Krudy, la pétillance de sa littérature rafraîchit, désaltère la soif de lecture, le lecteur se promène dans ce roman comme il visiterait la galerie des glaces d’un château français.
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Le château français