J’ai découvert Javier Cercas avec Les Lois de la frontière, puis j’ai lu Les Soldats de Salamine, Anatomie d’un instant, L’Imposteur et dernièrement A la vitesse de la lumière, je sais que je ne suis jamais déçue par cet écrivain espagnol qui, selon moi, fait partie des plus grands, dans chacun de ses romans, Javier Cercas s’interroge sur l’écriture, le travail d’écriture, sur la vérité, les limites entre fiction et réalité, entre le bien et le mal, A la vitesse de la lumière invite son lecteur à réfléchir aussi sur la mort et la mémoire.
Javier Cercas ne veut pas que la guerre du Vietnam, les vétérans, les jeunes sacrifiés, l’absurdité et les atrocités de cette guerre soient oubliés, à travers une recherche personnelle de la vérité historique et de la résurgence de ses souvenirs – ses romans sont écrits bien souvent comme des enquêtes autobiographiques où ses recherches sur son sujet d’écriture l’amènent à une meilleure connaissance de lui-même -, il confronte ses lecteurs à la construction du mythe personnel qui rejoint celui que se fabrique souvent l’Histoire, et si les détails du destin individuel de son personnage principal, un vétéran du Vietnam, sont cachés pour ne pas avoir à subir la violence d’une révélation, on comprend pourquoi ce témoin mutile sa parole pour engloutir l’horreur de ce qu’il a vécu et qui emplit secrètement son existence jusqu’à sa mort, dans un cri silencieux.
Si le dessein de la littérature est la transmission de la vérité labyrinthique ou d’une vérité qui se voile toujours du mythe de la réalité, il s’agit alors ici d’envisager ce roman comme un roman familial de l’Histoire afin de restituer au récit un semblant de vie, un réel fantomatique errant dans cette fiction qui se reconstruit incessamment à chaque nouveau lecteur.